Par Gaël Giraud

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Quel est l’enjeu de la transition énergétique ?

L’enjeu de la transition énergétique est de passer de l’économie dans laquelle nous vivons actuellement, essentiellement héritière de la Révolution industrielle, et qui dépend de manière fondamentale de la consommation d’énergies fossiles, vers une économie qui dépende le moins possible du pétrole, du gaz et du charbon.
Pourquoi ceci est un enjeu primordial aujourd’hui ? Pour deux raisons. La première est le défi climatique. Les conclusions du dernier rapport du GIEC (le Groupe intergouvernemental d’étude du climat), rendu public au printemps dernier, sont catastrophistes. La planète est sur une trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre qui ne nous permettra pas, malgré notre éventuelle bonne volonté, de limiter la hausse de la température à la fin du siècle à 2 degrés Celsius, ce à quoi nos Etats se sont pourtant engagés. Aujourd’hui le GIEC dit : « Le prochain défi c’est de ne pas faire plus de 5 degrés », et même cela va être difficile. Cela veut dire qu’il faudra consommer beaucoup moins d’hydrocarbures fossiles, en particulier beaucoup moins de pétrole qu’aujourd’hui.
Le second défi est la raréfaction relative des énergies fossiles. Ce thème est, en général, moins bien compris que le premier parce qu’il y a eu beaucoup de confusion dans les années 70 autour de ce que l’on a appelé le « pic du pétrole ». Un certain nombre de gens ont commencé à dire : « Faites attention, dans 40 ans il n’y aura plus de pétrole sur la planète ». Évidement, 40 ans après, on s’est rendu compte qu’il y avait encore beaucoup de pétrole, et on se rend compte qu’il y a aussi beaucoup de charbon et de gaz. D’ailleurs, si l’on déstockait la totalité du carbone actuellement sous terre sous la forme de pétrole, de charbon ou de gaz, nous achèverions de détruire le climat de la planète. Donc le thème du « pic du pétrole », le deuxième enjeu de la transition, n’est pas une manière de dire qu’il n’y aura plus de pétrole demain matin, c’est une façon de comprendre que même si la taille des réserves est encore gigantesques, la taille du robinet qui nous permet de sortir du pétrole du sous-sol, elle, est réduite. Nous avons atteint le « pic du pétrole » avec les techniques conventionnelles d’extraction en 2005, c’est-à-dire qu’avec les techniques conventionnelles, la planète n’arrive pas à extraire plus d’environ 90 millions de barils par jour du sous-sol.

Que dit l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport en 2010 ?

L’Agence internationale de l’énergie, qui est à Paris, a reconnu dans son rapport de 2010, que le « pic du pétrole » avait été atteint en 2005 au niveau planétaire. Il reste un petit débat pour savoir si les techniques non-conventionnelles de fracturation de la roche vont permettre de crever le plafond des 90 millions de barils par jour. Un certain nombre d’ingénieurs pétroliers reconnaissent que, vraisemblablement, cela ne permettra pas de crever ce plafond durablement dans les années qui viennent. Ce qui veut dire que nous allons avoir un problème de raréfaction du flux d’hydrocarbures à la disposition de nos économies dans les décennies qui viennent. C’est la deuxième raison pour laquelle il faut lancer la transition énergétique, dans un pays comme la France, dans un continent comme l’Europe. C’est-à-dire transformer cette économie très dépendante vis-à-vis des hydrocarbures fossiles en une économie qui en dépende moins, qui dépende d’autres types d’énergies, à savoir évidemment les énergies renouvelables et/ou le nucléaire.

Comment dépendre moins de l’énergie ?

L’an dernier, à la demande du gouvernement français, un comité d’experts sur la transition énergétique a rassemblé environ 70 scientifiques de quasiment toutes les disciplines, dont deux économistes, Agnès Bénassy-Quéré et moi-même. Le résultat de ce travail est un énorme rapport rendu au gouvernement qui dresse la liste d’une douzaine de feuilles de route possibles pour la transition énergétique en France. Ce qui distingue ces différents scénarios, c’est la nature du mix énergétique, c’est-à-dire les types d’énergie que l’on va consommer vers 2035. D’un côté, des scénarios misent tout sur le nucléaire, comme par exemple le scénario Mégatep. A l’autre extrême, le scénario Mégawatt mise sur la sortie la plus rapide possible du nucléaire, vers 2035, avec 20 ans d’investissement massif dans les énergies renouvelables d’ici 2035, et la substitution du gaz au nucléaire, et aux énergies renouvelables tant qu’elles ne sont pas disponibles. Une dizaine d’autres scénarios intermédiaires prennent des positions moins tranchées sur le nucléaire, et quelques fois sur le gaz de schiste. Voilà ce qui les distingue.
Ce qui est commun à cette dizaine de scénarios, c’est le volet consacré à l’efficacité énergétique et aux économies d’énergie. Quel que soit le scénario choisi, les étapes sont les mêmes. La première étape est la rénovation thermique des bâtiments. Pourquoi ? Parce que le bâtiment représente 40 % de nos émissions de gaz à effets de serre et 25 % de consommation de fioul. Donc en rénovant thermiquement nos bâtiments, on fait d’une pierre deux coups ! On peut se demander pourquoi on ne se contente pas de durcir les normes pour le « neuf », ce qui éviterait la tâche assez compliquée de rénover les anciens bâtiments. En France, nous avons la chance d’avoir un parc immobilier extrêmement riche, de sorte que le neuf renouvelle très lentement l’ancien (en gros, le parc immobilier français se renouvelle à la vitesse de 0,3 % par an), ce qui veut dire que si l’on se contente de durcir les normes pour le neuf, on va attendre très longtemps avant que la totalité du parc immobilier français soit rénovée. A cause de l’enjeu climatique qui est urgent, nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps. Donc il faut lancer la rénovation thermique : les neufs, les nouveaux et les anciens simultanément. La bonne nouvelle, c’est qu’en France on a le savoir-faire technique pour le faire. J’ai participé et dirigé un consortium d’étude de la rénovation thermique des bâtiments publics qui va rendre ses conclusions dans les jours qui viennent auprès du gouvernement. La Caisse des dépôts et consignations a fait un travail analogue pour la rénovation thermique du résidentiel privé. La conclusion globale est qu’on sait faire techniquement, on peut trouver des financements pour le faire et c’est rentable à long terme. Il ne manque que la volonté politique pour lancer ce grand projet qui a toutes les chances d’être extraordinairement créateur d’emplois, et qui serait aussi une manière de lancer la transition énergétique en France.

Vidéo 2 – Croissance et consommation d’énergie
Quelle est la relation entre la consommation d’énergie et la croissance économique ?

Mes travaux suggèrent que nous, économistes, nous comprenons encore assez mal cette relation. Jusqu’à une date récente, beaucoup d’entre nous se reposaient sur des résultats de microéconomie niveau première année, qui disent que ce qu’on appelle l’élasticité du PIB par rapport à la consommation d’énergie, c’est-à-dire la variation de la croissance du PIB rapportée à la variation de la consommation d’énergie, est très faible, en gros de l’ordre de 8 % en moyenne dans les pays industrialisés. Pourquoi ? Parce qu’on a des raisons théoriques de penser que ce ratio devrait être égal à la part de l’énergie dans le PIB. Or, à cause du très faible coût de l’énergie, le prix de l’énergie reste très faible, même si aujourd’hui le baril est à 100 dollars. Du coup, la part de l’énergie dans le PIB est très faible, en gros 8 %, et n’a jamais excédé 14 %, même dans des pays aussi dépendants du pétrole que les États-Unis.
Jusqu’à une date récente, beaucoup d’entre nous ont considéré qu’au fond, nos économies ne dépendent pas fondamentalement de l’énergie, ce qui est une conclusion qui surprend toujours beaucoup les ingénieurs et les physiciens. Pour ma part, j’ai repris ce sujet en faisant de l’économétrie sur des données concernant la quantité physique d’énergie consommée, des tonnes équivalent/pétrole, et mes résultats montrent qu’au contraire notre économie dépend énormément de la consommation d’énergie. L’élasticité du PIB par rapport à la consommation d’énergie primaire est de l’ordre de 60 % en moyenne pour les pays de l’OCDE, avec quelques variations : c’est plus proche de 70 % pour les États-Unis, plus proche de 40 % pour la zone Euro, et cela donne une moyenne de 60 %. Ce qui veut dire que, si ce résultat est correct, nos économies dépendent fondamentalement de la consommation d’énergie pour la croissance. Si nous ne pouvons pas augmenter notre consommation d’énergie et si nous ne changeons pas de schéma directeur de notre économie, nous n’aurons plus de croissance du tout.

Pourquoi la dépendance de la croissance du PIB vis-à-vis de la consommation d’énergie est fondamentale ?

Parce qu’au fond, si à cause de la raréfaction du flux d’énergie fossile disponible chaque jour, nous ne pouvons plus continuer d’augmenter notre consommation d’énergie, alors nous n’arriverons plus non plus à augmenter le PIB si celui-ci dépend fortement de la première. Voici quelques chiffres très simples. La croissance du PIB par habitant au niveau mondial, entre 1945 et le milieu des années 1970, est en moyenne de 3 %. Ce 3 % peut se décomposer en 3 = 2 + 1. 2 % d’augmentation de la consommation d’énergie par habitant et 1 % d’augmentation de l’efficacité énergétique. L’efficacité énergétique, c’est le progrès technique, le génie humain. Les 2/3 correspondent donc à l’augmentation de la consommation d’énergie par habitant qui, à l’époque, était essentiellement, sinon quasi-exclusivement, de l’énergie fossile. Après les années 80, l’équation très simple 3 = 2 + 1 s’est transformée en 1,5 = 0,5 + 1. Nous avons toujours 1 % de progrès technique par an, au sens de l’augmentation de l’efficacité énergétique. En revanche nous n’arrivons plus, depuis les années 80, à augmenter notre consommation d’énergie par habitant de 2 % comme nous le faisions précédemment mais seulement de 0,5 %. Dans un pays comme le Japon, cette équation depuis 2000 s’est transformée en  0 = 0 + 0, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de croissance parce qu’il n’y a plus d’augmentation de la consommation d’énergie par habitant et il n’y a plus de progrès technique. Pourquoi n’y a-t-il plus de progrès technique ? A mon avis, essentiellement à cause de la déflation au Japon, qui fait qu’il n’y a plus d’investissement, donc moins de R&D, plus de progrès technique. Le 0 % d’augmentation de la consommation d’énergie est un facteur déterminant du fait qu’il n’y ait plus de croissance au Japon. Une fois qu’on a compris que la dépendance de la croissance du PIB à la croissance de la consommation d’énergie est fondamentale – dans mes travaux, c’est mesuré à 60 % et non pas à 8 % comme on est habitué à le mesurer dans les travaux antérieurs –  on comprend que si on ne peut plus augmenter la consommation d’énergie, il n’y aura plus de croissance. Sauf à modifier le type d’énergie dont nous dépendons, et c’est tout l’enjeu de la transition énergétique. Ce n’est pas de réussir un découplage entre la croissance du PIB et la consommation d’énergie, parce que cela est probablement très difficile, voire impossible, mais c’est de réussir à transformer le mix énergétique dont nous dépendons, de manière à pouvoir continuer à augmenter notre consommation d’énergie, mais plus en énergie fossile.

Existe-t-il une autre mesure que la croissance pour appréhender la transition ?

A mon avis la bonne question, au fond, n’est plus celle-là dans la mesure où le PIB n’est pas du tout un bon indicateur de la prospérité d’un pays. Toute la réflexion qui a été amorcée par le rapport Sen et Stiglitz, qui s’est appuyée sur un travail bien antérieur, devrait irriguer le débat public et nous aider à penser la prospérité en France autrement qu’au travers du seul indicateur de la croissance du PIB. Une fois qu’on aura fait ce travail-là, de conscientisation du fait que le PIB n’est pas un bon indicateur, alors la question de savoir si la transition énergétique va faire croître le PIB ne sera plus la question fondamentale. Est-ce que cela va créer des emplois est une question fondamentale. La réponse est évidemment oui, mais cela va aussi en détruire car un certain nombre d’emplois deviendront obsolètes. La question est de savoir si cela va créer beaucoup d’emplois nets. La réponse est probablement oui, mais pour l’instant, on n’a pas encore de modèles macroéconomiques faisant consensus et qui apportent une réponse relativement sure à cette grande question.

Vidéo 3 – Les actions pour favoriser la transition énergétique
Y a-t-il au niveau de l’Europe une coordination pour aborder la transition énergétique ?

Aujourd’hui ce n’est pas simple de répondre à cette question. D’abord parce que nous n’avançons pas à la même vitesse. L’Allemagne est très avancée sur la question de la transition énergétique, même si elle le fait de manière très paradoxale, puisqu’à la fois elle a couvert toute la mer du Nord d’un champ d’éoliennes qui produisent beaucoup d’électricité, mais elle n’a pas les moyens de transmettre cette électricité vers les usines qui sont en Bavière, de sorte qu’elle éponge l’excès d’électricité vers la Pologne qui n’en demandait pas tant. L’Allemagne est aussi celle qui, aujourd’hui, parce qu’elle veut de désengager de son programme nucléaire, réinvestit massivement dans la ménilite, et voit son bilan carbone empirer d’années en années. Donc à la fois elle est beaucoup plus engagée que nous, et en même temps elle devra faire marche arrière sur un certain nombre de ses projets. Les pays scandinaves sont beaucoup plus avancés que nous à tous points de vue. Sur la question de la transition, la France est probablement l’un des pays les plus en retard aujourd’hui. Est-ce qu’il y a un consensus sur comment faire ensemble au niveau européen ? Aujourd’hui non. En même temps, au niveau des institutions européennes, il faut remarquer que la conscience de la nécessité de la transition est en train de grandir.

Y a-t-il un sujet qui pourrait faire consensus en Europe ?

A mon avis c’est précisément la rénovation thermique des bâtiments publics. Pourquoi ? Parce que personne ne l’a commencée, et que tout le monde a le même problème. L’Europe a un patrimoine immobilier extrêmement riche, même en Allemagne où on a dû tout reconstruire après la guerre. Donc tout le monde a besoin de rénover thermiquement ses bâtiments publics et personne ne l’a fait. Ce serait un lieu idéal, rêvé, pour qu’on travaille ensemble, sachant par contre que sur le privé on a commencé de manière disparate, donc certains sont plus avancés que d’autres. L’Allemagne est plus avancée que la France, grâce notamment aux financements de la KFW.

Comment finance-t-on la transition énergétique ?

Il n’y a pas une seule manière de la financer. Une partie du financement peut être pris en charge par le secteur bancaire traditionnel. Ce qui rend l’opération compliquée aujourd’hui, ce n’est pas le manque intrinsèque de projet, mais c’est la fragilité des bilans des banques françaises. A mon avis, pour avancer sur ce terrain-là, la grande question est comment aidons-nous les banques, surtout en France, à assainir leurs bilans de manière à ce qu’elles puissent de nouveau accorder des crédits de long terme à des investissements qui favorisent la transition ? La fragilité n’est pas seulement liée à la fragilité des bilans bancaires mais aussi à l’environnement comptable et prudentiel dans lequel les banques évoluent, et également le secteur assurantiel d’ailleurs, essentiellement les règlements de Bâle III et de Solvabilité II ne favorisent pas du tout l’octroi d’investissements verts. Il y a toute une réflexion à avoir sur comment réécrire « Bâle III », est-ce que l’on fait un Bâle IV vert et un Solvabilité III vert. Ce sont de vrais sujets aujourd’hui, discutés à la fois au niveau de la Commission européenne, du comité de Bâle et du Parlement européen.

Vidéo 4 –  Autres sources d’énergie
Qu’en est-il du gaz de schiste ?

Il y a une discussion aujourd’hui entre ingénieurs spécialisés sur cette question. Mes camarades ingénieurs disent que si nous explorons en France, nous avons 1 chance sur 6 de trouver du gaz de schiste. Nous ne savons pas si nous en avons, nous savons que nous avons de la roche mère susceptible d’abriter du gaz de schiste, mais tant que nous n’explorons pas, nous ne saurons pas s’il y en a.
Deuxièmement, si nous explorons et que nous en trouvons, nous l’exploiterons. Il ne faut pas se faire d’illusion : il sera politiquement insoutenable, pour quelque gouvernement que ce soit, quelle que soit sa couleur politique, si nous autorisons l’exploration, de ne pas autoriser l’exploitation.
Il y a un troisième point à prendre en compte dans ce débat sur le gaz de schiste. Admettons que nous en ayons, est-ce que l’on va pouvoir l’exploiter de la même manière que l’on exploite du gaz de schiste aux États-Unis ? La réponse est très vraisemblablement non. Pourquoi ? Parce qu’à la différence du sol américain, le territoire européen, et en particulier français, est très densément peuplé et nous n’avons pas du tout les mêmes moyens de faire du forage, de la fracturation hydraulique, en Europe qu’aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que les nappes phréatiques qui sont à proximité vont être polluées par l’eau utilisée par la fracturation de la roche, or ce sont des nappes phréatiques essentielles pour les populations urbaines qui vivent à proximité. Ce qui n’est pas le cas dans les territoires déserts et vides d’une partie des États-Unis et du Canada. Ceci fait dire à un certain nombre d’ingénieurs spécialisés que même si nous avons du gaz de schiste, la contribution du gaz de schiste à la prospérité française dans les années qui viennent sera probablement très faible. Je serais assez tenté de leur faire confiance sur ce point. Du coup, j’aurais tendance à dire, en tant qu’économiste, que la question de savoir si nous devons ou non explorer le gaz de schiste n’est pas une question d’économiste puisque la contribution du gaz de schiste à la prospérité française, même si nous devions la mesurer par la croissance du PIB sera probablement très faible. C’est donc essentiellement une question écologique et politique.

Quelle est la place du nucléaire dans cette transition énergétique ?

Les enjeux du nucléaire sont bien connus. Premièrement, il y a une question de sécurité. Après Fukushima c’est une évidence, sachant qu’à la fois le risque 0 n’existe pas, et qu’en même temps, il est sûr statistiquement. Il n’est pas clair que les installations nucléaires soient moins dangereuses que les centrales à charbon pour la santé des locaux, des riverains. En même temps, est-ce qu’on a pris la mesure des dégâts en termes de santé et des dégâts environnementaux provoqués par un drame comme Fukushima ? Cela me paraît pas clair non plus. Il y a un vrai débat, et en l’absence de résultats qui fassent consensus sur cette question, un principe de prudence voudrait que l’on soit extrêmement précautionneux dans la part que l’on voudrait donner au nucléaire dans le mix énergétique français.
Le deuxième enjeu est le retraitement des déchets. Le troisième enjeu, qui me paraît le plus important, c’est que nous en débâtions démocratiquement. Quelle que soit la place que l’on voudrait donner au nucléaire dans le mix énergétique français à horizon 2030 ou 2035, ce qui est le plus important est que le corps social français puisse s’approprier cette décision. Parce que, supposons que nous options pour du nucléaire et que nous ayons un accident du type Fukushima, il faut que la population française puisse assumer la responsabilité de sa décision. Si cette décision a été prise par une minorité agissante qui n’en réfère pas au reste du corps social, cela sera très difficile, que nous voulions sortir du nucléaire, développer le nucléaire ou rester à périmètre constant dans le nucléaire. Je pense que le plus important est dans débattre entre nous et que la décision soit prise de manière démocratique.

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